L’exposition « Dons du Ciel » rassemble des météorites exceptionnelles : fragments de météorites lunaires et martiennes, pallasites, sidérites, chondrites,… Elles sont toutes issues de la collection du Musée de minéralogie MINES ParisTech. Ces dons du ciel sont aussi des dons d’hommes qui se sont illustrés dans la découverte, l’étude des objets célestes tombés sur terre. « Dons du ciel » constitue une belle occasion pour le Musée de pouvoir les remercier et les mettre à l’honneur. L'exposition se présente sous 2 vitrines ainsi que 2 portoirs en plus des 3 vitrines existantes dédiées aux météorites.
On retrouvera dans cette exposition de grands noms de la seconde partie du 19ième siècle comme Daubrée, Adam, Bertrand, Coxe, Domeyko, Brezina ou encore Lambotin. Tous se sont illustrés dans l’histoire des sciences, de la minéralogie et pour bon nombre d’entre eux dans l’histoire de l’école des Mines. Les donateurs actuels sont souvent des chasseurs de météorites sensibles à l'intérêt scientifiques des météorites. Citons Pierre-Marie Pelé, Luc Labenne, Alain Carion et Ed Thompson.
Incontournable de l’exposition, le fragment de 226 kg de la météorite de Canyon Diablo marquera les esprits ! Cette météorite est donnée en 1891 par un ancien élève américain de l’École des Mines, M. Eckley Coxe. Le conservateur de l’époque, Friedel, y démontre la présence de micro-diamants, dans une publication de 1891 à l’Académie des Sciences.
L'imposant fragment de météorite de Canyon Diablo (#10870, 48 x 37 x 35 cm, 226,80 kg). Ce fragment a été donné par Eckley Coxe en 1892.
À travers cette collection de météorites, c’est non seulement la rareté et l’étrangeté de ces échantillons qui sont mis en valeur, mais également leur intérêt scientifique permettant de comprendre l’histoire et l’évolution de notre système solaire.
Les météorites lunaires et martiennes présentées sont des dons récents de Luc Labenne, Alain Carion et Edwin Thompson, chasseurs de météorites, ainsi que de l’association ABC Mines, soutien de la collection. Le visiteur pourra même toucher ces morceaux de planète et de satellite. Des présentoirs ont été conçus à cet effet, financés grâce à un don fléché de Cédric Denis-Rémis via la Fondation MINES ParisTech.
Découverte en 2017 dans le Sahara par un nomade, la météorite bréchique lunaire NWA 11472 a été donnée par Luc Labenne (#83523; 5.5 x 3.6 x 0.2 cm, 8.98g). Les tranches faites dans cette météorite sont caractéristiques, avec des fragments clairs d'anorthite, d'olivine, et de pyroxène dans une matrice sombre feldspathique.Partie interne (sciée) du talon de la météorite martienne NWA 8656, donnée par ABC Mines (#83439 ; 2.9 x 2.6 x 1.3 cm, 9,88g). Cette météorite martienne appartient au groupe des shergottites avec une texture dite diabasique. La roche est principalement constituée de cristaux de clinopyroxènes et de maskelynite (plagioclases choqués).
Les vitrines "Toucher Mars" et "Toucher la Lune", financées par la Fondation MINES ParisTech, grâce à la donation monétaire de Cédric Denis-Rémis.
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Dans l'exposition, retrouvez des météorites historiques et étonnantes. Une petite sélection parmi les météorites présentes dans l'exposition :
- LA BECASSE – CHONDRITE L6
Le 31 janvier 1879, vers 12h30, une détonation se fait entendre près de Dun-le-Poëllier, et ce jusqu’à 20 km de distance. Deux agriculteurs aperçoivent de la terre se soulever, et en s’approchant, remarquent un trou d’environ 40 cm de profondeur et une roche en son fond. L’agriculteur en charge est appelé pour extraire la roche de 2,8 kg. M. Daubré, directeur de l’École des Mines de Paris et aussi professeur au Muséum d’Histoire Naturelle eut vent de la chute observée, et acquit la météorite pour la belle somme de 250 francs pour la collection du Muséum. D’autres fragments ont été retrouvés par la suite, dont celui de la collection de M. Daubré, légué à notre musée.
- LA CAILLE - SIDERITE, non groupée
Possiblement au 17e siècle, une masse ferreuse de 626 kg a été découverte lors d’un violent orage sur la montagne de l’Audibergue près de Caille dans les Alpes-Maritimes. Elle fût alors transportée par 4 bœufs vers le village de Caille près de l’église, où elle a servi de banc pendant plus de 2 siècles. Deux autres blocs de fer ont été également retrouvés et livrés au maréchal-ferrant du village, pour fabriquer des fers à chevaux.
En 1828, l’Académie des Sciences récupère la météorite en échange de la rénovation du clocher de l’église, au profit du Muséum d’Histoire Naturelle.
Fragment de la météorite de la Caille (244898) donnée par M. Adam.
- BARBOTAN - CHONDRITE H5
Le samedi 24 juillet 1790 vers 21h30, à Barbotan dans le Gers, des badauds observent dans le ciel bleu et calme une boule de feu qui explose en de nombreux morceaux, suivi 3 minutes plus tard d’une grosse détonation. La boule de feu a même été observée jusqu’à Limoges, 260 km de là. 10 kg de fragments de roches ont été retrouvés à une dizaine de kilomètres de Barbotan. À l’époque, l’existence de « roches tombées du ciel » était encore grandement controversée. Ce n’est qu’en 1803 avec la chute observée de la météorite de l’Aigle, dans l’Orne, que le phénomène sera vraiment entériné.
- LES SIDERITES
Les sidérites sont des météorites métalliques constituées principalement de fer (et d’un peu de nickel). Les sidérites proviendraient du cœur d’astéroïdes suffisamment gros pour qu'un processus de différentiation conduise à une structure similaire à celle de la Terre, avec un manteau et un noyau.
Après une attaque à l’acide nitrique, la plupart des sidérites montrent des figures dites de Widmannstätten, visibles sur la météorite de 226 kg de Canyon Diablo. Ces figures en lamelles entremêlées révélées à l'acide sont dues à de légères variations du rapport nickel / fer dans la roche.
- LES PALLASITES
Les pallasites sont des météorites métalliques contenant des cristaux jaune-vert d’olivine. Certaines pallasites proviendraient de l’interface noyau - manteau de gros astéroïdes différenciés. D’autres se seraient formées par collisions violentes entre un corps métallique (noyau) et une petite protoplanète. Leur origine reste cependant incertaine et certainement multiple. Ce sont toutefois les météorites les plus esthétiques grâce à leur éclat métallique et la transparence et qualité parfois gemmes des olivines.
Tranche de pallasite d'Esquel (Argentine) montrant des olivines vertes qui "baignent" dans une matric métallique, riche en fer (76760).
- LES MESOSIDERITES
Ces rares météorites témoignent d'un impact entre un objet céleste métallique et un astéroïde... pour arriver finalement sur la Terre. Ce sont des brèches mélangeant des parties métalliques (nickel - fer) provenant du corps métallique et des parties silicatées de l’astéroïde, qui sont entrées en collision.
Observer dans l’exposition la météorite tranchée et polie de Vaca Muerta dont ces constituants sont bien visibles.
Mésosidérite de Vaca Muerta (Chili) montrant des parties ferreuses (éclat métallique) et des parties silicatées (2432). Cette météorite a été donnée par M. Domeyko.
- LES UREILITES
Les uréilites ont été nommées d’après la chute de météorite en 1886 à Lovo-Urei en Russie. Ce sont des achondrites constituées d’olivine et de pyroxènes principalement, mais qui ont la particularité de contenir des microcristaux de graphite… et de diamant ! Mais ne les chercher pas, ils sont bien trop petits pour être observés à l’œil nu. L’origine des uréilites est encore controversée, mais semble venir d’une fusion partielle d’un corps planétaire.
PIERRE-MARIE PELE
Pierre-Marie Pelé est chasseur de météorites depuis 2003. Il a organisé de très nombreuses campagnes de recherches en France, en Espagne, au Maroc, en Tunisie, en Libye, en Oman, au Yémen, en Mongolie ou bien encore aux États-Unis. On lui doit quelques découvertes remarquables, comme la masse principale de la météorite de Villalbeto tombée en Espagne en 2004, ou bien encore quelques météorites uniques par leur intérêt scientifique, principalement au Sultanat d’Oman. Il est également l’auteur de plusieurs livres sur les météorites, dont le plus récent « Encyclopédie des météorites françaises » dans lequel figurent des météorites de la collection du Musée de Minéralogie MINES ParisTech. En 2008, Pierre-Marie a donné 13 rares météorites pour la collection de notre musée.
LUC LABENNE
Luc Labenne, médecin généraliste ayant exercé pendant plus de 20 ans, dédie désormais son quotidien aux météorites. La recherche de nouvelles météorites est, pour lui, une véritable passion. Ses météorites font l’objet de recherches scientifiques poussées dans les grandes universités, instituts et musées du monde entier.
Il est fondateur et gérant de la société Labenne Météorites et membre de la Meteoritical Society. Il est aussi co-fondateur de l'association des P'tits Cueilleurs d’Étoiles dont le but est de faire découvrir le monde des étoiles aux enfants hospitalisés. Il participe également activement à Fripon/Vigiciel, réseau de plus de 100 caméras pour surveiller le ciel afin de retrouver des météorites peu après leur chute.
Luc Labenne est le donateur de la magnifique brèche lunaire visible dans le portoir « Toucher la Lune » ainsi que du fragment de la météorite martienne à toucher.
ALAIN CARION
Passionné par les « cailloux » dès l’âge de cinq ans, Alain Carion ouvre sa première boutique à 18 ans. En 1982, il acquiert sa première météorite. Depuis, la passion de ces objets extraterrestres ne l’a plus quitté.
Il possède la plus importante collection privée de météorites en France, celle-ci a d’ailleurs été exposée à plusieurs reprises dans des lieux prestigieux. Il a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet. Docteur en Sciences, il est membre de la célèbre Meteoritical Society. Son fils, Louis Carion, avec lequel il a parcouru de nombreux déserts à la recherche de ces « cailloux de l’espace » a eu la chance de voyager avec Théodore Monod en Mauritanie et en Égypte.
Alain Carion est le donateur du fragment de la météorite lunaire à toucher dans les nouvelles vitrines météorites.
EDWIN THOMPSON
Edwin Thompson a grandi à seulement 3 km de l'endroit où la fameuse météorite de Willamette a été découverte en Oregon. Cela a été une source d'inspiration pour qu’il passe sa vie à « chasser » les météorites. Avant de terminer ses études en géologie et en archéologie, Edwin Thompson fait son premier voyage en Afrique du Nord-Ouest en 1972 à l'âge de 18 ans, où il a vécu et travaillé pendant 6 mois pour enseigner aux Berbères à trouver les roches venues de l'Espace. Edwin Thompson a vécu une vie passionnante d'aventures, à la recherche de spécimens extraterrestres au Maroc, en Algérie, en Libye ou encore en Mauritanie. Ses recherches ont permis de découvrir des tonnes de météorites et de former de nombreux chasseurs de météorites. En 2015, Ed publie son premier roman : « EarthUnder ».
PIERRE LAMBOTIN ( ? – 1828)
Pierre Lambotin était commerçant en objets d’histoire naturelle, principalement en minéraux. Passionné de minéralogie, il a suivi des cours sur le sujet au Muséum d’Histoire Naturelle et à l’École des Mines. Il a alors développé les connaissances nécessaires pour fabriquer des modèles de cristaux en porcelaine, permettant d’étudier la cristallographie. Il a également créé des suites de modèles cristallographiques en bois et en céramiques pour Haüy (voir la boîte de modèles en bois dans la salle B). Lambotin a donné quelques échantillons à notre musée, dont ce fragment exceptionnel de la météorite de l’Aigle.
GILBERT JOSEPH ADAM (1795-1881)
Gilbert Joseph Adam n'est pas minéralogiste ni scientifique de profession mais conseiller maître à la Cour des comptes. Son intérêt pour la minéralogie est pourtant important, et il réunit une collection de minéralogie qui deviendra une référence pour plusieurs cotypes de minéraux. Une espèce minérale, l'adamite, lui a été dédiée par Charles Friedel, conservateur du musée de minéralogie de l’École des Mines de Paris en 1866, Adam ayant fourni les échantillons types. À son décès, sa collection revient d’ailleurs à l’École, et inclue une cinquantaine de météorites.
IGNACY DOMEYKO (1802 - 1889)
Ce généreux donateur du musée, ancien élève de l’école (sortie en 1837) est célébré dans plusieurs pays : La Biélorussie son pays de naissance, la Lituanie, la Pologne, la France (3 pays dans lesquels il fit ses études) et enfin le Chili où il vécut et enseigna pendant 50 ans. Il incarne le rayonnement de l’École de Mines de Paris et la minéralogie française du milieu du XIXe siècle.
Pendant ces 50 ans, Ignacy Domeyko a envoyé de nombreux échantillons à l’École des Mines, dont environ 150 sont dans la collection du Musée, incluant de nombreuses météorites. Il a récolté dans le désert d’Atacama des morceaux de la fameuse météorite dite Vaca Muerta, appelée alors « aérolithe de Taltal ».
GABRIEL AUGUSTE DAUBREE (1814-1896)
Issu du corps des Mines, Daubrée fut directeur de l’École des Mines de 1872 à 1884. Auparavant il avait été élu à l’Académie des Sciences et avait obtenu la chaire de Géologie au Muséum National d’Histoire Naturelle. C’est pendant cette période qu’il constitua une des plus importantes collections mondiales de météorites. Il continua cette œuvre dans une moindre mesure à l’École quand il fut nommé professeur en 1862. Près d’une quarantaine de ses météorites se trouvent ainsi dans la collection du musée de minéralogie.
ECKLEY BRINTON COXE (1839 - 1895)
Ancien élève de l’École des Mines de Paris, Eckley Coxe est un des fondateurs de l’American Institution of Mining Engineers et dirigeant d’une grande industrie d’exploitation d’anthracite en Pennsylvanie (USA). Il fut également le sénateur de cet État. Il a fait acte de nombreuses œuvres philanthropiques, et n’oubliera pas de remercier son ancienne école par l’envoi de nombreux échantillons de minéraux et de météorites. Parmi ces échantillons donnés, on retiendra évidemment l’exceptionnel fragment de 226 kg de la météorite de Canyon Diablo, qu’il a envoyé à l’École peu après la prolifique découverte de 1891 (masse principale de 639 kg, notre fragment est le 5e plus gros fragment au monde de cette météorite).
ÉMILE BERTRAND (1844 - 1909)
Émile Bertrand est ingénieur des mines, collectionneur, à l’occasion marchand de minéraux et co-fondateur de la Société Française de Minéralogie. Il est connu pour avoir construit le premier microscope optique pour l’analyse de lames minces de roches. Il développe, entre autres, la « lentille de Bertrand » permettant d’observer les figures d’interférence des minéraux observés en lame mince, méthode toujours d’actualité. Il écrit en 1881 « De l’application du microscope à l’étude de la minéralogie », ouvrage qui a longtemps fait référence. Il a découvert de nombreuses espèces minérales et le minéral bertrandite a été nommé d’après lui. En 1910, notre Musée reçoit en legs sa collection de 2619 échantillons, tous d’excellente qualité, dont une vingtaine de météorites.
ARISTIDES BREZINA (1848 - 1909)
Cet éminent minéralogiste Autrichien a envoyé à notre musée plusieurs dizaines de météorites, dont un bon nombre provient des États-Unis, comme celles présentées dans cette exposition. Directeur du département de minéralogie et de pétrographie de l’université de Vienne, il est à l’origine d’une classification des météorites utilisée jusque dans les années 1920. Il s’agit de la classification « Rose-Tschermak-Brezina » du nom de ses trois auteurs.
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Musée de Minéralogie
60 boulevard Saint Michel
75006 Paris
(RER B station Luxembourg)
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MARDI : 10h à 12h et 13h30 à 18h
MERCREDI, JEUDI et VENDREDI : 13h30 à 18h
SAMEDI : 10h - 12h30 et 14h-17h
Entrée possible jusqu'à une heure avant l'heure de fermeture.
Fermé les jours fériés, ainsi que les dimanches et lundis
Fermeture du 22 décembre 2024 au 6 janvier 2025